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Une histoire de l’édition à l’époque contemporaine : La montée des inquiétudes

                                                                                          ( p 413 - 452)

 

 

1) L’heure des concentrations ( les politiques de rachat)

2) Les éditeurs de taille moyenne (les stratégies de survie pour préserver leur indépendance)

3) Les petits éditeurs

4) L’évolution interne des maisons d’édition ( fonctionnement de la chaîne du livre)

5) Les difficultés de production (variation des tirages)

6) Les espoirs de la littérature enfantine

7) Le repli de l’édition scolaire

8) Heurs et malheurs des sciences humaines

9) Le livre d’art et la maîtrise des coûts de fabrication

10) Les débuts incertains de l’édition électronique ( emballement, plantage, prudence)

11) Editeurs et pouvoirs publics (lois et conséquences)

12) Une redistribution des cartes ( vivendi noir et Lagardère / La Martinière-Le Seuil / Editis)

 

 

 

L’HEURE DES CONCENTRATIONS (P 413)

 

1950 : vague de rachats → Hachette, Gallimard, Presses de la cité

 

GALLIMARD

 

1951 : rachat de Denoël (Présence du futur, collection de Science-fiction célèbre inaugurée en 1954 par Ray Bradbury, Les chroniques martiennes)

1957 : entre dans le capital de La Table Ronde

1958 : rachat  du Mercure de France (succès : 1954-66 : le Journal littéraire de Paul Léautaud – 1973 : Gros-Câlin et 1975 : La Vie devant soi (signé Emile Ajar) de Romain Gary)

 

Après ces reprises, Gallimard mise sur la croissance interne et abandonne la course aux rachats.

 

HACHETTE (« La pieuvre verte »)

 

1954 : Grasset

1958 : Fayard

1959 : Fasquelle ( fusion avec Grasset en 1967)

1961 : Stock

Editions du Chêne et Jean Jacques Pauvert

1971 : Le Masque

1976 : Marabout

 

Hachette a mené ces achats en même temps que le livre de poche prenait son essor. Elle possède maintenant des fonds litt. importants et le meilleur instrument pour les rentabiliser.

- Les maisons acquises gardent leur personnalité et leur complémentarité (Grasset : Bernard Privat, puis Jean-claude Fasquelle aidés d’Yves Berger et Françoise Verny reconstruisent catalogue d’auteurs français → prix).

- Méthodes publicitaires (« Nouveaux philosophes »)

 

LES PRESSES DE LA CITE (Sven Nielsen, mort en 1977)

 

Réussite lui permet de rentrer en bourse dès 1956 → accroissement de sa capacité de financement.

1959 : Librairie académique Perrin

1960 : Solar

1961 : les Editions GP ( Coll. rouge et or pour enfants)

1962 : Le Fleuve noir

1965 : Julliard ( qui avait déjà absorbé Plon, UGE, les Editions du Rocher)

1983 : Garnier (sauf coll. Garnier-Flammarion)

Alliance avec Bertelsmann dans France-Loisirs

1985 : Bordas, Gauthier- villars, Dunod

 

Buts: étoffer la branche édition (entreprise déjà bien implantée dans diffusion)

         Profiter du développement du poche.

         Créer un grand groupe diversifié

 

1962 : Presses-Pocket

+ coll. Policières → litt. plus populaire que le livre de poche.

Mais aussi 10/18, coll. Intellectuelle

 

Années 80Domination par 2 groupes (Hachette et Presses de la Cité) qui assurent aussi les 2/3 de la distribution.

 

Nelle vague de concentrations d’un type nouveau

Développement  du domaine de la communication → constitution de groupes d’entreprises aux activités connexes (audiovisuel, presse, publicité, relations publiques, téléphonie, services web…).

 

En grandissant, Hachette et Les presses de la cité ont ouvert leur capital à un grand nombre d’actionnaires → éparpillement des actions → vulnérabilité.

 

HACHETTE

1980 : Matra s’empare grâce à l’ aide de Paribas et du groupe de presse Filipacci (paris-Match, Photo…) de 83% du capital d’Hachette.

1992 : Fusion Matra-Hachette

1996 : constitution du Lagardère Groupe

 

LES PRESSES DE LA CITE

1986 : Passent à La Générale Occidentale puis à La Compagnie générale d’électricité.

1988 : Accord Compagnie générale d’électricité / Havas (qui est derrière le groupe CEP communication, propriétaire de Nathan depuis 1979 et Larousse depuis 1983)

 

Les activités d’édition sont regroupés au sein du Groupe de la Cité ( Les Presses de la Cité, Larousse, Nathan et leurs filiales)

Activités presse :

Premier groupe de presse technique et professionnelle et un des premiers groupes de presse français: groupe CEP communication ( groupe L’Express + magazines acquis par Presses de la cité).

Groupe de la Cité → Havas → Vivendi (qui devient Vivendi Universal Publishing VUP)

Eclatement du groupe en 2002.

 

Les 2 grands éditeurs (hachette et Vivendi) ont pour point commun d’appartenir à 2 grands groupes aux activités très diversifiées.

Le livre est devenu un élément d’une stratégie de conquête multimédia.

 

La politique de rachats continue pour les 2 éditeurs :

 

Hachette acquiert :

1981 : Lattès

1988 : Rombaldi

1991 : Les deux coqs d’or et Gautier-Languereau

1996 : Hatier ((Foucher et Didier, Rageot)

1997 : Hazan

 

 

Le groupe de la Cité :

1987 : Orban

1989 : Dalloz

1990 : Laffont (avec Interforum, diffusion-distribution)

1993 : Fixot (fusionné avec Laffont)

1994 : Masson, Armand Colin, Belfond.

La Découverte-Syros

1999 : Nil

 

Dimension internationale (reprise d’éditeurs étrangers).

Hachette vise une complémentarité dans le domaine des encyclopédies et des dictionnaires.

Havas puis Vivendi s’intéresse au domaine plus large de l ‘éducation.

 

Modification de la physionomie de l’édition française.

→ Désirs de rationalisation et de rentabilité  → ingérence des maisons mères.

→ Début de reclassement par spécialités. Par ex. Havas crée un pôle « Education et référence » (Larousse, Bordas, Nathan, Le Robert).

→ Catalogues élagués, recentrés autour des collections les + connues.

→ Tri des ouvrages les plus rentables et renoncement à la concurrence entre entreprises d’un même groupe.

 

1999 : L’Edition sans éditeurs (André Schiffrin)

Il y montre comment aux Etats Unis, les éditeurs sont tombés au pouvoir de grands groupes de communication et ont dû se soumettre à une logique de profit immédiat. La fabrication à la chaîne de Best-sellers, propres à séduire le + grand nombre et soutenus par les médias appartenant à ces mêmes groupes, étouffe progressivement la littérature d’auteur, que ne pourront plus défendre les petits éditeurs, eux-mêmes asphyxiés par la concentration des librairies.

 

 

 

 

 

Les éditeurs de taille moy. sur la défensive (p 419) :

 

 

→ principales victimes des concentrations.

1985 : Une 30aine avec un CA supérieur à 100 millions de francs.

2000 : moins d’une 10aine encore indépendantes.

 

Nature familiale : facteur de vulnérabilité (choix du partage des responsabilités : éparpillement).

Par ex : Antoine Gallimard ne conserve le contrôle de la maison paternelle qu’en ouvrant le capital à des investisseurs extérieurs : BNP, Havas, éd. Italien Einaudi…

 

→ Principale faiblesse réside dans leur taille. Condamnées à croître pour amortir les frais toujours plus importants et garder leur force d’attraction, l’éd. est une branche dont la rentabilité moy. est faible et irrégulière.

L’appel aux banques constitue toujours un risque de prise de contrôle en cas de difficultés financières.

C’est pour ça qu’Antoine Gallimard a soin de reconquérir son capital en éliminant les investisseurs et en protégeant le cœur de son entreprise, le fonds littéraire, en filialisant Gallimard jeunesse et Gallimard Loisirs.

 

→ Certains parient sur une croissance externe obtenue par rachats d’éditeurs. Participent donc au mouvement de concentration.

Flammarion a repris :

1975 : Aubier

1977 : La Maison rustique et Arthaud

1993 : Delagrave

1997 : Pygmalion

1999 : Casterman

2000 : participations dans Actes sud et les PUF. Mais bientôt vente du groupe.

 

Albin Michel :

1995 : Magnard et Vuibert et une partie du distributeur Dilisco.

 

Le Seuil préfère une politique de prise de participations, accompagnées d’accords de distribution avec des éditeurs intellectuellement proches qui gardent leur liberté  éditoriale.

 

Politique éditoriale de diversification dans les secteurs porteurs : sciences humaines, litt. jeunesse, litt. policière, parascolaire, guides touristiques…

Mais attention à ne pas brouiller leur image car grande part de leur capital.

EX : les innovations formelles de Pierre Marchand ont permis à Gallimard de renouer avec les publications jeunesse sans ruiner sa réputation d’éditeur de qualité, et l’investissement massif consenti a finalement fait de Gall. Jeunesse l’un des piliers de l’entreprise.

 

→ Conquérir marché Audiovisuel et multimédia.

Déconvenues nombreuses.

Mais Flammarion doit renoncer. Gallimard aussi malgré des projets de création intéressants (coûts très importants et incertitude des débouchés).

 

→ Développer des activités complémentaires :

Librairie (Flammarion dans les musées, Le Club des livres pour Albin Michel)

Investissements dans la presse.

 

→ Contrôle des structures de diffusion et de distribution.

Albin Michel + Stock+Robert Laffont : création d’une structure qui devient Interforum en 1969.

Gallimard crée la Sodis en 1971.

Flammarion : Union distribution en 1971.

 

2 ventes qui confirment la difficulté des grandes maisons d’édition moy. à exister si elles ne sont pas adossées à un groupe puissant financièrement, tout en échappant à l’attraction de Vivendi Universal et Hahette.

1999 : PUF partagées entre plusieurs investisseurs dont Flammarion. Librairie reprise par Gibert.

2000 : Flammarion vend ses parts au groupe italien Rizzoli-Corriere della Sera.

 

Rachat des maisons d’édition moy. par les 2 grands groupes a eu pour effet de creuser l’écart entre eux et les maisons restantes.

Leur CA est environ 6 x sup.

Les 2 groupes ont ainsi mis la main sur des fonds prestigieux, lentement constitués.

 

 

Le vivier des petits éditeurs (p 424):

 

 

Depuis fin 1960 : un peu plus de 50% d’éditeurs assurent production d’environ 7% des titres. Leur CA varie entre 5,5% et 7% du CA total.

Le mouvement de concentration qui a fait passer 50 à 67% la part de 4% des entreprises dans le CA total, entre 1970 et 2000 s’est fait surtout au détriment des maisons d’édition moy.

 

Une certaine constance .

Entre 1973 et  1979 : printemps des éditeurs.

1984 : une centaine de maisons disparaissent.

1990 : difficultés économiques.

Solde négatif entre créations et disparitions d’entreprises.

 

Ses caractéristiques :

→ Petite Edition : édition de nouveautés, et donc gage du dynamisme de la branche édition.

→ Production modeste : plus du tiers des éditeurs publient moins de 10 titres / an.

→ Cap des 5 ans difficile à passer.

→ Problème de la diff/distribution, vitales et coûteuses. (déboires des Distique, distributeur des petits éditeurs).

→ Construction d’un catalogue se heurte aux grandes maisons d’édition : perte des auteurs.

→ Eviter concurrence en se portant sur des domaines spécialisés (litt. étrangères peu explorées, auteurs engagés). Marchés étroits négligés par l’édition parisienne.

→ Inversion de la tendance à la centralisation parisienne. (1990 : il ne reste que les les 2/3 des éditeurs à Paris).

 

1980 : Réussites exemplaires :

Odile Jacob (collection de vulgarisation avec des scientifiques de renom : énorme succès. L’entreprise rejoint les moy. maisons d’édition.).

Actes sud (créé par le belge Hubert Nyssen en 1978) : litt. étrangères mal connues (découvre Nina Berberova et Paul auster). Devient réf. dans ce domaine (animations, Assises de la traduction à Arles). Il diversifie son catalogue avec le roman policier et la litt. jeunesse. Et entre dans une politique de rachats ou de participations. Mais fait appel à des capitaux ext. à partir de 1992 et à Flammarion (2000).

Rivages (1979, Marseille) : conception originale des guides touristiques + liit. Policière et étrangère. Mais fusion avec Payot (1991).

Les éditions du Rouergue : Litt. enfantine : carte de la créativité.

Les autres réusiites sont liées à des conditions économiques particulières (presses universitaires de province, éditions Ouest-France)…

 

 

L’évolution interne des maisons d’édition :

 

 

Evolution du fonctionnement : recherche d’une gestion rationalisée (comptabilité analytique).

→ Renforcement des tâches et des pouvoirs des gestionnaires et des commerciaux.

(gonflement de leur effectif et sous-traitance pour la fabrication : imprimerie et conception artistique des livres. Les services Litt. ne représentent qu’à peine 10% du personnel).

 

Les problèmes :

→ Coût croissant des stocks. Améliorer la fixation des tirages initiaux et le fonctionnement de l’office devient une priorité.

→ Privilégier les presses rapides et ajustables à de petits tirages.

→ Trouver le bon compromis entre mise en place minimale pour assurer la visibilité des nouveautés et le poids financier du retour des invendus qui augmente sans cesse (25% vers 1999). Devient un élément de calcul du prix de revient.

→ Recherche d’un allègement des frais de stockage : réduction des délais d’envoi au pilon (6mois pour les livres d’actualité) et développement du marché des soldes.

 

→ Apparition de grossistes intermédiaires. (= filiales d’      Hachette et du groupe de la Cité, et Profrance (Maxi-livres en 1980)).

 

→ Supermachés et hypermarchés : la grande distribution favorise le livre de poche (=1/3 des ventes des principales collections.) + jeunesse (1/3 des ventes dont 40% de BD) + 70% des romans sentimentaux + 70% des cahiers de devoirs de vacances.

Chez grands éditeurs elle représente environ 25% du volume des ventes.

 

Bouleversement dans imprimerie :

Abandon de la typographie au plomb pour l’impression en offset.

Succession très rapide d’innovations : petits imprimeurs concurrencent les imprimeurs trad. Qui ont des difficultés d’ajustement des capacités de leur presse (cameron).

Tirages moy. en baisse qui provoquent des reclassements.

 

 

Les difficultés de la production :

 

 

→ Concurrence de l’audiovisuel.

→ Manque de goût des jeunes pour la lecture

→ Photocopies ou communication électronique

 

1949 : production est au niveau de 1939.

1958 : croissance rapide (nombre de titres nouveaux passe de 6000 en 1960 à 20 000 en 2000.)

1967 : diminution spectaculaire des tirages moyens. De 15000→8000. Seules les éd. de poche se maintiennent au-dessus de 12000 exemplaires.

DOUBLEMENT en 40 ans de la production globale.

Fin XXe : production annuelle de 400 millions de volumes avec excédent de 50 millions de livres stockés, soldés ou pilonnés.

 

Les CA des maison d’édition :

Hausse rapide jusqu’en 1972.

Stagnation à partir de 1980.

Instabilités : Reprise (1986- 1988), repli, embellie (1999-2002).

+ gros chiffre d’affaire fait par la litt. (=1/3 des exemplaires imprimés).

Mais Pessimisme.

 

 

Les espoirs de la litt. enfantine :

 

 

12% environ du CA.

1970 : tournant important : multiplication des sections jeunesse dans les BM. Et les bib. Scolaires.

 

Trad. : Editeurs scolaires 

Hachette ( bibliothèque vertes et roses)

Librairie Hachette toujours en tête des éditeurs de litt. enfantine.

Rageot, Bibliothèque de l’amitié

La Farandole (1955)

Laffont avec Plein Vent (1966)

 

Des bouleversements :

Esthétique :

Gallimard et l’école des loisirs (1965) : révolution graphique Tomi Ungerer (Les trois brigands), Maurice Sendak (Max et les Maximonstres), Enzo Mari…

Invention graphique de Pierre Marchand (Coll. Mes premières découvertes)

Modalités d’achat :

Achat désacralisé, plus fréquent et impulsif (présence importante dans les supermarchés)

→ Alignement sur le format de poche (Renard poche, coll. Ecole des loisirs en 1975, Folio junior en 1977, Livre de poche jeunesse en 1975, Castor poche en 1980…)

Coll. Divisées par tranches d’âge (benjamin, cadet…) annexent la quasi-totalité de la litt. romanesque pour enfants.

Succès : besoin de nouveaux auteurs et ouverture.

 

Les éditeurs :

Originalité du ton et de l’illustration des grands éditeurs (Grasset, Albin Michel, le Seuil, Gallimard, Flammarion) qui viennent concurrencer les petits (Actes sud, le Rocher, Syros, Harlin Quist, Le sourire qui mors…)

Multiplication des collections pour préadolescents (Chair de poule, cœur grenadine…)

Hachette subit la concurrende du Groupe de la Cité (Pocket) et de Bayard  qui a fait une percée spectaculaire en 1980 (succés avec ses fictions et lui permet d’acheter son rival Milan -devenu éditeur en 1983- en 2003 ).

 

LA BD :

BD participent à la prospérité de ce secteur.

(école belge, éd. Dupuis et Casterman) mais en 1960 : multiplication des magazines et des éditeurs spécialisés.

Dargaud (magazine Pilote, puis Charlie. Astérix) et glénat (mangas et Titeuf).

 

Vitalité de la création. Succés.

1/3 des 10 meilleures ventes et tirages.

2002 : 1400 titres parus.

Emergence de nouveaux éditeurs qui atteignent en quelques années la taille moy.

 

Mais litt. jeunesse touchée elle aussi par la diminution des tirages moyens.

 

 

Le repli de l’édition scolaire :

 

 

→ Dépend de la démographie et de la politique scolaire.

→ CA : 12 à 15% du chiffre total de l’édition actuellement.

 

Après la guerre : production dynamisée mais pas d’innovation (sauf le Lagarde et Michard, la collection d’histoire littéraire de Pierre Bordas paru en 1948)

Besoin de manuels neufs

Obligation école →  16 ans.

Baby-boom.

Démocratisation de l’enseignement

1958-1968 : doublement des effectifs (prospérité du marché de l’enseignement secondaire qui représente 62% du CA de l’édition scolaire en 1967.)

 

Bordas :

Orientation vers le scolaire et le parascolaire (manuels, petits classiques bordas) et sur le marche des encyclopédies.

1972 : reprises de Dunod.

 

Problèmes :

→ 1964 : Gratuité des manuels scolaires dans les classes de 6ième et de 5ième.

1977 : Gratuité dans l’ensemble du premier cycle et pour partie du second.

→ Arrivée des photocopieuses : lente désaffection des enseignants pour les manuels.

→ Prix bon marché du livre de poche pousse les enseignants à préférer les œuvres complètes aux extraits des manuels.

 

Evolution :

→ Accélération de la concentration de l’édition scolaire.

1992 : Belin, Magnard, Bordas, Hachette, Hatier, Nathan font les ¾ du CA de l’édition scolaire.

→ Développement du parascolaire (10% en 1970 à 28% en 1994) : ex : profil d’une œuvre (hatier)

Concurrence avec les éditeurs littéraires (classiques en livre de poche)

Hachette : cahiers de devoirs de vacances (passeport pour…)

Hatier, Bordas, Nathan l’imitent.

→ Terrain de l’université d’abord fermé.

Seul Armand Colin s’impose avec sa coll. U.

Fin des années 80 : afflux des étudiants dans les universités et donc apparition des manuels d’accompagnement Cursus (colin), Belin sup., Carré histoire (Hachette), Enjeux (Hatier) mais concurrence avec les éditeurs universitaires PUF ou Dunod.

 

 

Heurs et malheurs des sciences humaines :

 

 

Crise de l’édition dans le domaine des sciences humaines. (surprise car avant : prospérité)

 

→ Le succès :

Gallimard : Pierre Nora crée la bibliothèque des sciences humaines (1966)/ La bibliothèque des histoires (1971)/ Les 3 tomes de Faire de l’Histoire (1974). Auteurs : Benveniste, Foucault, Dumézil…

Flammarion : Le Roy Ladurie + Furet.

Plon : coll. Recherches en sciences humaines. Et coll. Civilisations et mentalités. Auteurs : Lévi-Strauss, Weber, Jaspers, Foucault…

Maspero, Payot, les Editions de Minuit : sociologie, psychanalyse et philosophie.

Grasset : coll. D’essais politiques et de sciences humaines.

 

→ Multiplication des coll. De poche.

 

→ Mais dans les années 80 : effervescence retombe

photocopie

Désintérêt des étudiants (désargentés) qui pratiquent une lecture de + en + fragmentée

Offre des BU…

 

Seule l’histoire (et surtout biographies) se maintient.

 

Les éditeurs :

Fayard a anticipé le retour en grâce de la biographie historique : succès.

Le Seuil : position forte (magazine l’Histoire et ses coll. Points Histoire.)

 

 

Le livre d’art et la maîtrise des coÛts de fabrication :

 

 

Domaine mineur (environ 2% du nombre d’exemplaires) et stable (environ 5% du CA depuis 50 ans).

 

Les éditeurs :

Flammarion : 1ière place avec coll. de vulgarisation et ses grandes monographies de réf .

Accords avec Phaidon (britannique) et Abbeville Press (américain) + magazine Beaux-arts.

Concession de librairies spécialisées dans musées.

 

Gallimard, hachette et Larousse, Albin Michel, Julliard, Denoël, Robert Laffont… : livre d’art représente une part de leur activité.

 

1970 : Foule de petits éditeurs spécialisés.

Fernand Hazan

Les éditions du Chêne

1955 :Mazenod

1982 : Robert Delpire

1992 : maison créée par Hervé de La Martinière. Associé à des investisseurs, il rachète des entreprises étrangères et devient le premier éditeur mondial de livres illustrés.

2000 : La Terre vue du ciel : succès international.

Réussite →  diversification et rachat des Editions du Seuil en 2004.

 

→ Profitent de l’innovation technique : amélioration de la qualité.

Reproduction en couleurs.

 

→ Problèmes :

Coût très élevé et droits de reproduction exigés par musées.

→ Solutions des éditeurs :

a- Renoncer à une certaine qualité de la reproduction. (Coll. de vulgarisation photo et peinture sur lesquelles la compétition se joue sur les prix).

Allemand Taschen d’abord distribué par Maxi-livres puis en librairie et Terrail, filiale de Bayard Presse puis nouvelles coll. à petit prix chez Hazan, Flammarion, La Martinière.

b- faire imprimer dans pays où impression moins chère (délocalisation en Italie)

Coproduction et coédition très répandues depuis 1970 : allègement des frais de conception car amortissement sur un + grand nombre d’exemplaires.

c- Pratiques des soldes combinés au surtirage. (catégorie des beaux livres sortant pour les fêtes).

On prévoit qu’une partie du tirage non vendu sera écoulé chez les soldeurs.

 

→ Nouvelles concurrences : - Cdrom (mais concurrence marginale)

                                        

                                               - Catalogues d’expositions vendus sur les lieux d’exposition

                                               (pas de droits à payer) : Le centre Georges Pompidou,

                                               Paris-Musées, La Réunion des Musées Nationaux

Après 1996 : Le ministère de la culture fait pression pour encourager les coéditions institutions/éd.commerciaux.

                                               - Multiplication des numéros spéciaux de magazines spécialisés

 

 

Les débuts incertains de l’édition électronique :

 

 

1990 : espoirs (grands éditeurs) et inquiétudes.

Projets de numérisation de la BNF.

Moyen de dynamiser les secteurs éducatifs et documentaires. Mais espoirs tardent à se concrétiser.

 

→ Domaine des dico et encyclopédies :

2000 : Tirage moy. : 18 000 exemplaires.

Concentration sur un petit nombre de titres.

Investissement très lourd et rentabilité étalée sur + de 10 ans.

Commercialisation spécifique : vente par correspondance ou par courtage.

1962 : Hachette crée le livre de paris chargé de vendre encyclo.

1960 : période de renouvellement : Le Quid (1963) / Le Robert (1964) / L’Encyclopaedia universalis (1968)

1955 : encyclopédie de la Pléïade  (Gallimard)

1986 : coll. d’encyclopédie de petits volumes Découvertes  (Gallimard)

1993 : Coll. Domino (Flammarion)

 

Mouvement de concentration dans ce domaine.

 

Arrivée de l’édition électronique.

→ Nécessite de très lourds investissements (plus que pour papier).

→ Accessible qu’aux plus gros éditeurs.

Rentabilité intéressante car coût de pressage des Cdrom faible, facile à stocker et retirer.

Intérêt de Vivendi (larousse) et Hachette pour ce média.

 

Mais plusieurs incertitudes : Prudence

→ Concurrence possible des ressources documentaires disponibles sur internet

→ Offensive des sociétés d’informatique (Encarta de Microsoft et la Grande Encyclopédie de Micro Application).

Réflexion sur les canaux de distribution de ces produits → Sociétés de courtage (peu performantes) et réseau de librairie (mal équipées) ou marchands de matériel informatique ?

→ Demande du public

Marché reste en-deçà des prévisions.

Larousse, Hachette et Microsoft cherchent à conquérir public jeune (instruments de travail facilitant travail scolaire sur CDrom).

 

Petit dictionnaire sur papier et encyclopaedia universalis papier toujours porteurs.

 

 

Editeurs et pouvoirs publics :

 

 

Etat : interlocuteur nouveau qui arbitre conflits.

(Implication politique de l’Etat dans vie des éditeurs ancienne mais allégée fin Xxième. Mais interventions économiques s’intensifient.)

 

Jusqu’aux années 70 : timidité des politiques de lecture publique.

Petit à petit, ensemble de moyens pour aider la lecture et encourager l’édition.

1946 : Caisse Nationale des lettres devenue Centre national des lettres (1973) puis Centre National du Livre (1993)

Budget augmente (redevance sur la photocopie en 1976)

Mission : aide à la publication (traductions, sciences humaines, et érudition)

Aides à l’exportation et soutien aux réseaux de distribution des petits éditeurs.

1978 : rôle d’arbitre pour dénouer les situations de crise.

 

Historique des lois :

 

→ Avant l’arrêté Monory : éditeur fixe un « prix conseillé » qui prend en compte les coûts et bénéfices de chacun. Les libraires ayant la possibilité de pratiquer un prix inférieur, la FNAC, applique un rabais de 20% (depuis 1974) sur ce prix conseillé.

Jérôme Lindon (Association pour le prix unique) sollicite le gouvernement.

→ 1979 : arrêté de rené Monory.

Supprime le prix conseillé pour un prix net de cession par l’éditeur à partir duquel le libraire fixe librement son prix de vente au public.

Hostilité à l’arrêté. Petits libraires et éditeurs dénoncent la réduction du livre à un produit comme les autres. Id de l’exception des produits culturels / valeur symbolique du livre.

 

→ Eté 1981 : Loi Lang. Entrée en vigueur le 1ier janvier 1982.

Prix marqué sur le livre par l’éditeur. Le libraire ne peut consentir un rabais de plus de 5%. Soldes autorisés au bout de 2 ans.

→ Soutien aux libraires :

- prise en compte dans les remises consenties par l’éditeur au libraire de la qualité du travail effectué par celui-ci,

- interdiction de pénaliser financièrement les commandes à l’unité.

Mais 2 points faibles :

- La loi avantage les Clubs de vente par correspondances (rabais après 9 mois)

- La loi oblige les grandes surfaces à prendre sur le livre une marge supérieure à celle qu’elles prennent sur les produits alimentaires par ex.

→ La loi ne limitera pas la vente des livres en grandes surfaces pour lesquelles l’importance de la marge compense la lourdeur de gestion de l’assortiment.

 

{1995 : Grande-Bretagne revient à la liberté des prix / Portugal et Grèce se convertissent au prix unique}

 

Offre sur internet réactive la question (concurrence des librairies étrangères).

 

→ 1992 : directive européenne rendant obligatoire la rémunération du prêt. Les libraires ont demandé une limitation des remises consenties aux bibliothèques par des grossistes qui enlèvent ces marchés aux libraires locaux.

L’état s’est engagé à prendre en charge le dédommagement des éditeurs et des auteurs.

→ Janvier 1995 : loi contre le « photocopillage », tenu pour responsable de la baisse des tirages en sc. Humaines notamment.

 

Fixation de la TVA au taux privilégié de 5%.

Interdiction puis réglementation de la publicité pour le livre à la TV.

 

→ Idée de la profonde originalité du métier. Défense des particularités des biens culturels qu’on ne peut abandonner aux lois de la concurrence.

 

 

12) Une redistribution des cartes

 

Eté 2002 : Crise

Vivendi Universal Publishing (VUP) s’effondre.

Reprise de la branche édition par Lagardère Groupe.

Ce choix inquiète. Le nouveau groupe se placerait au cinquième rang mondial des entreprises d’édition, renforçant notamment sa position dans le monde hispanique. Hachette grossi de VUP (rebaptisé Editis) distancerait de beaucoup ses concurrents sur le marché français.

55% de l’édition française dont 60% du marché du livre de poche, 80% du livre scolaire et la quasi-totalité des dictionnaires se retrouveraient concentrés entre les mains d’une même entité qui assurerait 70% de la distribution et disposerait d’un groupe de presse magazine puissant.

→ Autorités européennes interviennent (raisons de concurrence) poussés par La Martinière, Gallimard, Le Seuil :

JL Lagardère doit revendre Nathan, Bordas, Le Robert.

Renonce aux coll. de poche de VUP (Presses-pocket, 10/18, Le Fleuve noir) et à ses éditeurs de litt. générale ( Robert Laffont, Plon-Perrin, Julliard, Presses de la Cité, La Découverte, Nil …).

En distrib., il abandonne Interforum.

 

2004 : La Martinière annonce Qu’il reprend les Editions du Seuil. Activités complémentaires. Le groupe prend la 3ième place dans l’édition française.

 

Classement des éditeurs:

1 / Hachette (mais sans monopole dans aucun domaine)

2 / Editis

3 / Les grandes maisons d’édition moy. (Gallimard, Flammarion, Albin-Michel) dominé par La Martinière-Le Seuil.

 

Pour les autres éd. : inquiétudes quant au devenir des entreprises de diff. / distrib. (faillite de Distique en 2001).

 

2 mouvements de fond :

Internationalisation des grandes entreprises (filiales d’Hachette en Grande Bretagne, Espagne, Italie, Pologne, Argentine…) / Flammarion est sous contrôle italien.

Présence d’investisseurs étrangers dans le capital des grandes maisons d’édition françaises.

L’édition n’est plus une « affaire de famille ».

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