Volodine et le post-exotisme

Publié le par Emma Zunz

Hi folks, voilà ici un petit résumé sur le post-exotisme pour ceux que ça intéresse. J'espère que ça vous aidera à comprendre plus clairement de quoi il en découle...Pour la fiche de lecture, je suis en train de la rédiger pour le blog de Deyts, elle sera donc consultable dans quelques jours. Bon stage à tout le monde!

Antoine Volodine : pseudonyme forgé à partir d’une double référence à Lénine et Maiakovski (poète futuriste russe), prénom Vladimir, diminutif Volodia. Ce pseudonyme représente pour Volodine la liaison du politique et du poétique, une des dimensions importantes de son œuvre.
Volodine a enseigné le russe pendant quinze ans, tout en envoyant des manuscrits à diverses maisons d’éditions, manuscrits qui resteront sans réponse jusqu’en 1985, année ou Elisabeth Gille, directrice de la collection « Présence du Futur » (SF) chez Denoël, décide de publier Biographie comparée de Jorian Murgrave.
Dès son premier roman, Volodine ne rentre dans aucune des cases prédéfinies alors en terme de littérature contemporaine française (hésitation quant à le publier dans la collection Blanche de Gallimard). V. se trouve donc affecté quasiment par défaut à la SF, genre qu’il apprécie mais auquel il ne se rattache pas du tout, et ses quatre premiers romans seront publiés dans cette même collection (1986 : Un navire de nulle part, Rituel du mépris, qui obtiendra malgré lui le Grand Prix de la Science Fiction française en 87, 1988 : Des enfers fabuleux.) En 90, avec Lisbonne, dernière marge, il passe aux éditions de Minuit . Alto Solo, 1991, Le nom des singes, 1994, et Le port intérieur, 1996. En 97, il passe chez Gallimard avec Nuit blanche en Balkyrie, Vue sur l’ossuaire et Le Post-exotisme en dix leçons : leçon onze en 98. En 99, il rejoint les éditions du Seuil dans la collection Fiction&cie avec Des anges mineurs qui lui vaudra en 2000 de remporter le Prix Inter. En 2002 parait Dondog, en 2004, Bardo or not Bardo, en 2006, Nos animaux préférés , et enfin, en 2007, Songes de Mevlido, son seizième et dernier roman en date.

Post-exotisme : 1991 : Volodine forge le terme « post-exotisme », en réponse aux difficultés des critiques à situer son œuvre dans un domaine littéraire préexistant. C’est donc d’abord une marque d’indépendance, une volonté de se distinguer de la SF où on avait classé ses livres la suite. Volodine se positionne donc en marge des courants littéraires contemporains et se réclame à la fois du réalisme magique et d’une littérature internationaliste engagée où se mêlent l’onirisme et la politique. Néanmoins, Volodine n’adhère pas trop à la notion de filiation dans la littérature, même s’il est impressionné par les Formalistes Russes des années 20, le réalisme magique Sud-Américain des années 70, Beckett, Kafka, Céline , Borges, etc. Il puise son inspiration dans les films, la musique et le contact avec les cultures chinoise et orientale.

Caractéristiques : « le Post-exotisme, c’est concrètement écrire des livres qui surgissent comme d’une langue étrangère, mais sans référence à une terre situable sur la carte ».
« On peut dire que, dès l’origine, mes romans ont été étrangers à la réalité littéraire française. Ils forment un objet littéraire publié en langue française, mais pensée en une langue extérieure au français, indistincte quant à sa nationalité. Une langue non rattachée à une aire géographique déterminée et clairement étrangère puisqu’elle ne véhicule pas la culture et les traditions du monde français ou francophone. »
« c’est une littérature de l’ailleurs qui va vers l’ailleurs »
« c’est concrètement donner à lire une littérature étrangère écrite en français. »

-Réflexion sur l’histoire du XXème siècle, l’échec des révolutions, la barbarie planétaire, les génocides, le totalitarisme, les utopies et leur dégénérescence, qu’il transpose dans une époque future indéterminée, où l’humanité est à l’agonie, en pleine mutation génétique, s’appauvrit physiologiquement. Les guerres successives ont tout ravagé, une grosse partie de la population est décimée, il n’y a plus que des vainqueurs et des vaincus : des sous-hommes(Untermenschen) lâches, morts, survivants, résistants. Ce sont des rescapés hantés par leur passé et qui cherchent à fuir leur présent en inventant des univers oniriques, en utilisant le rêve comme dernier bastion de leur liberté.

 -Réflexion sur la solitude, la dérive vers la folie, la mort et la douleur, la confusion rêve/réalité.

-Se caractérise par la notion de collectivisation : il existe une communauté d’écrivains post-exotique dont Volodine est le porte-parole. Il s’agit d’une création collective d’écrivains faisant partie des « vaincus », des militants politiques emprisonnés qui échangent des récits, racontent leurs rêves et leurs souvenirs. L’œuvre post-exotique est donc traversée par de nombreuses voix, nommées ou anonymes, et sous la signature de Volodine paraissent les ouvrages de plusieurs écrivains anonymes : les sur-narrateurs. Seuls quelques uns de ces auteurs ont des textes publiés en volume : Elie Kronauer et Manuela Draeger à L’Ecole des Loisirs, et Lutz Bassmann aux éditions Verdier. Dans le post-exotisme, la parole est donc donnée à ceux qui en sont privés. Cependant, tous ces auteurs sont des hétéronymes, c'est-à-dire des identités imaginaires dotées de biographies fictives qui incarnent toutes un seul homme : Volodine (ces auteurs n’existent en fait que dans son imaginaire). Par cette collectivisation, cette revendication d’une œuvre collective et anonyme se joint l’ idée de subversion de la notion d’auteur. De ce fait, l’intertextualité est très forte dans l’œuvre post-exotique, création d’une communauté avec ses propres références culturelles, littéraires, ses propres procédés narratifs : entrevoûtes, romances, shaggas, qui se caractérisent par leur brièveté.

 -Suppression des contraires, vie/mort, avant/après, rêve/réalité, pluie/chaleur, humain/animal. Confusion, indistinction, incertitude, inachèvement, brouillage des frontières. Exemple : perte totale de repères géographiques ou temporels à travers l’amalgame de sonorités des noms de perso et de lieux, volonté d’effacer les appartenances nationales.

-Récurrence du chamanisme. Le chamane est celui qui accède au monde où vie et mort se confondent, où il n’y a plus de temps ni d’espace définis : réel et rêve mêlés, dimension poétique. Référence au Bardo Todol (Livre des morts tibétain).
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